Mission du 29 mai au 8 juin 2025 Ambanja

Bonjour à tous,

Nous voici de retour en France et je profite du temps du voyage retour pour vous faire parvenir mon rapport de mission.
Nous sommes donc partis avec une petite équipe de 5 :

– Camille Chabrand ophtalmo chir ;
– Elisa Coubard opticienne optométriste ;
– Justine Magaud aide opératoire ;
– Agathe Boulant anesthésiste ;
– et moi-même Mauricio Pinto ophtalmo chir.

Nous sommes partis de Lyon le jeudi 29 mai. Nous devions initialement voyager avec Air France mais manque de chance notre vol aller initial a été annulé et nous avons été replacé sur un itinéraire différent opéré par Corsair puis Air Madagascar (Lyon – Massy en TGV, transfert de Massy à Orly en taxi (20min), Orly – Saint Denis, Saint Denis – Tana puis finalement Tana – Nosy Be). Trajet pas vraiment à recommander car très long et fastidieux comme vous pouvez l’imaginer et franchise de bagage inférieure à la moyenne avec Corsair puis Air Madagascar (Max 20kg en soute et 5kg en cabine, nous avons du payer des frais de bagages supplémentaires sur place).
Nous avons passé deux nuits à l’arrivée à l’hôtel Nosy Lodge, très sympa à recommander quant à lui. Cela a permis à toute l’équipe de se reposer de ce long périple, de se mettre à l’heure malgache et de profiter un peu des plages paradisiaques de Nosy Be.
Nestor, le chauffeur référent de la clinique Saint-Damien est venu nous chercher à notre hôtel le dimanche matin (prix du trajet jusqu’au port 70 000 Ariary soit environ 15€) puis nous avons retrouvé Jéromine au port de Nosy Be à 11h. Nous avons fait la traversée jusqu’à Ankify tous ensemble en “coque rapide” (35min de trajet) dont le coût a été pris en charge gracieusement par la clinique. Arrivés au port d’Ankify, une voiture de la clinique était la pour nous récupérer et nous avons roulé environ 45min jusqu’à Ambanja et le dispensaire Saint-Damien. Sur place nous avons retrouvé Honorette qui avait fait le trajet Tana – Ambanja en voiture avec le Père Elisée.
Nous avions choisi de prendre nos quartiers pour la semaine dans les chambres du dispensaire et nous en avons été globalement satisfaits (propre, 2 a 3 personnes par chambre, chacune sa salle de bain). Le prix d’une nuitée était de 5€ par personne par nuit.
Nous avons également pris tous nos de repas de la semaine sur place au dispensaire matin midi et soir. C’est Félicitée et Loreline qui étaient là pour s’occuper de nos repas et je peux vous assurer que nous nous sommes vraiment régalés toute la semaine. Les quantités étaient toujours plus que suffisantes et la cuisine diversifiée dans l’ensemble malgré un élément assez invariable au fil des menus : le riz.
Nous avons réglé 10€ par jour par personne pour les 3 repas du jour (petit déjeuner, déjeuner et dîner). Félicitée et Loreline ont vraiment été adorables avec nous. Et petit bonus pour ceux qui aiment la vanille, vous pouvez demander à Félicitée qu’elle vous emmène chez son frère qui vend de la vanille de grande qualité et en grosse quantité pour un prix bien inférieur à ce qu’on trouve ailleurs dans le pays et notamment à la plantation Millot (nous avons acheté un kilo chacun à 40€ le kilo).
Félicitée nous a également accompagnés au marché local le jeudi matin tôt où nous avons pu acheter du poivre de Madagascar.

Concernant la mission en elle-même, dans l’ensemble tout s’est très bien passé, nous sommes contents de la mission même s’il est vrai qu’il y a eu quelques difficultés avec le matériel en chirurgie.
Nous avons commencé par un après-midi de rangement et de préparation le dimanche en arrivant, à la fois en consultation et au bloc.
Puis nous avons travaillé du lundi au vendredi en consultation et au bloc opératoire en parallèle. Le jeudi matin nous nous sommes octroyés une petite matinée OFF afin d’aller visiter la fameuse plantation Millot.
Le samedi matin nous avons encore vus nos patients postopératoires avant d’assister à la cérémonie de remise de médaille du travail pour Honorette.

Coté consultation, l’organisation était la suivante :
– à 8h consultation pré opératoires pour préparer les patients prévus au bloc ;
– puis consultation des patients opérés la veille ;
– 20 consultations le matin de 9h à 12h en moyenne ;
– 30 consultations l’aprem de 14h à 17h en moyenne.

Nous avons tourner en consultation Camille, Joséa et moi afin que tout le monde puisse faire et de la consultation et du bloc opératoire.
Le vendredi était un jour férié à Madagascar et il n’y a pas eu grand monde qui est venu en consultation malheureusement (une dizaine de patients à peine).
Au total, sans compter les pré op et les post op nous avons fait 183 consultations et 61 paires de lunettes sur la semaine.
Concernant le matériel de consultation, tout fonctionne correctement sauf la biométrie de contact qui n’est plus bien calibrée. Voici la liste du matériel présent sur place en consultation:
– un autoref ;
– une tonométrie à air pulsée ;
– deux LAF ;
– une biométrie de contact (qui mériterait d’être recalibrée donc) ;
– une échelle de Monoyer, une malette de verres d’essai + montures d’essai ;
– laser YAG qui fonctionne sans problème.

De notre côté nous avons emmené surtout des médicaments et collyres pour la consultation. Théa notamment toujours aussi généreux avec les dons de collyres.

Côté optique, les locaux menés par Patrick ont beaucoup travaillé en autonomie, Elisa notre opticienne a finalement passé beaucoup plus de temps à faire des réfractions que des lunettes. Ils ont néanmoins appréciés les nombreux verres qu’Elisa a ramené de France. En effet elle avait réussi à obtenir un don d’environ 600 verres correcteurs de la part d’Essillor.

Côté bloc opératoire, nous avons opéré du lundi au vendredi, toujours en simultané sur les deux tables opératoires. D’un côté Honorette qui faisait ses SICS et de l’autre côté, notre équipe qui faisait soit phako soit SICS selon le cas. En moyenne de 9h à 12h30 puis de 14h30 à 17h30.

– Le microscope qu’utilise Honorette semble très simple mais très fiable, aucune défaillance pendant la mission. Par contre pas de rétro illumination sur ce micro donc pas possible de l’utiliser pour de la phako. Très bien pour SICS, pterygions etc.
– Honorette utilise ses propres boîtes d’instruments chirurgicales pour ses SICS qu’elle fait tremper dans l’alcool 15min entre deux chirurgies puis les fait re stériliser au poupinel entre chaque demi-journée.
– le microscope que nous avons utilisé est le microscope Zeiss de Crozafon. Il était somme toute assez correcte pour opérer même les phakos (comme celui du bateau je dirai) mais QUAND il voulait bien fonctionner.

En effet nous avons rencontré plusieurs défaillances avec ce microscope.
La première qui était un dysfonctionnement permanent etait le défaut de mouvement de translation dans l’axe antero postérieur. Seuls les mouvements latéraux étaient possibles avec le joystick de la pedale et une rotation antero-postérieure du micro (mais pas de translation antero postérieur). Ce problème n’était pas vraiment dérangeant pour opérer.
Par contre le deuxième problème était plus embêtant, il s’agissait d’un problème de surchauffe de l’ampoule du micro qui nous obligeait à éteindre puis attendre à chaque fois plusieurs minutes que l’ampoule et le système refroidissent avant de pouvoir rallumer la lumière du micro.
– le phako quant à lui est un Bausch & Lomb Stellaris PC a priori amené par des italiens. Et je dois dire qu’il fonctionne plutot très bien étonnamment. Mieux que l’infinity du bateau je trouve. Superbe aspiration et mange bien même les noyaux durs. Il y a deux programmes parametrés dans la machine qui sont très efficace (Boeda qui était déjà là avant et Pinto qui est le programme que j’ai amené avec moi sur la machine et que j’ai importé). Avec tout cela je dirais qu’il y a environ 50% de cataractes phako-compatibles ici pour un opérateur qui se débrouille bien.
Seuls bémols parfois au moment de l’insertion de la cassette, celle-ci n’était pas détectée par la machine. J’ai signalé le problème à mon contact Bausch & Lomb qui m’a indiqué que si cela survenait il fallait nettoyer la lentille à l’intérieur du socle à cassette. Ce qui a bien fonctionné pour nous.
Pour les cassettes on en a ramené 40 et il en reste 20. Il s’agit de cassettes données par la fondation Bausch & Lomb, j’avais fait en amont de la mission toutes les démarches avec mon représentant Baush & Lomb régional pour pouvoir avoir ce don. Ils nous ont aussi donné avec les cassettes autant de bouteilles de BSS 500mL qui allaient avec.
Il y a sur place avec le phako, 3 pièces à main adaptées resterilisables. Nous en utilisions donc une pour plusieurs patients en changeant simplement  la pointe de phako à usage unique.

Au total sur la semaine, nous avons fait 64 interventions au bloc dont 19 phako-emulsifications. Heureusement pas de complications per opératoires significatives à déclarer. Pour nos chirurgies nous avons principalement utilisés des implants Zeiss CT ASPHINA 509MP et des implants BVI Podeye et Micropure 123.
Zeiss et BVI nous ont tous deux fait dons d’une trentaine d’implants chacun, les injecteurs et les visqueux qui vont avec pour notre mission.

Tous les patients que nous avons vus en postopératoire au fil de la semaine et le samedi matin allaient bien et semblaient satisfaits de leur prise en charge.

Pour les équipes à venir, si vous voulez utiliser le phako comme je disais il reste 15 cassettes neuves sur place, il faudrait néanmoins amener avec vous des pointes de pièce à main jetables (il y en a une par cassette mais si vous voulez pouvoir garder une cassette pour plusieurs patients il faudra des pointes de phako supplémentaires en satellite) et aussi obligatoirement des pièces d’I/A jetables car il n’y en a plus du tout et il n’y a pas non plus de pièce d’I/A resterilisable pour ce phako. Plus de détails ci-dessous dans l’inventaire réalisé par notre équipe.
Il faudra également s’assurer que le microscope Zeiss ait pu bénéficier d’une révision de son système électrique afin d’éviter les problèmes récurrents de surchauffe qui nous ont embêté en fin de mission.

Le samedi après nos post-op, nous avons donc eu la chance d’assister à la cérémonie de remise de la médaille du travail d’Honorette dont nous vous avons déjà partagé quelques photos puis nous sommes repartis direction Ankify puis Nosy Be en bateau. Au retour la clinique n’a pas pris en charge le coût du bateau de retour et nous avons payé 240 000 Ariary soit environ 50€ pour privatiser une coque rapide pour nous d’Ankify à Nosy Be. Nestor nous a récupéré au port pour nous emmener à l’hôtel Andilina Lodge situé sur la très belle plage d’Andilina où nous avons pu profiter d’une journée et une nuit à récupérer après notre mission.

Le dimanche 8 juin au soir nous avons entamé notre périple de retour, cette fois-ci bien comme prévu avec Air France (Nosy Be – Tana, Tana – Paris CDG en direct, puis CDG – Lyon) ce qui s’est révélé être un voyage bien plus confortable et rapide que celui de l’aller.

Nous rentrons à la maison avec plein de beaux souvenirs en tête et du baume au cœur.

Voilà, j’espère que ces nombreuses lignes vous donneront envie de partir à votre tour travailler avec Honorette à Ambanja. Pour ma part il s’agissait de ma deuxième mission là-bas et j’espère que j’arriverai un jour à respecter l’adage “jamais 2 sans 3”.

Amicalement,

Mauricio