Saison 2017-2018 : Mission Cambodge 6
Khom Chheu teal, province Kandal, Cambodge: 10 au 20 février 2018
- Mission très agréable avec une équipe qui se connaît bien maintenant:
- Hubert, notre chef de mission, a eu, en plus de son travail médical, une action diplomatique intense pour l’association tout au long de la mission: il vous fera un compte-rendu spécifique de ses avancées
- Jérôme, un réalisateur de documentaire indépendant qui travaille à Los Angeles, a été une attraction pour les Cambodgiens (surtout les enfants qui voyaient un drone en action pour la première fois) et un camarade de mission exceptionnel tant par son humour et sa bonne humeur que par sa sollicitation professionnelle nous obligeant à nous interroger fréquemment sur des aspects de notre métier de soignant qui nous semblent banals mais qui en fait ne le sont pas. De même, sa recherche systématique de l’historique des patients (comment vivent-ils?, de quelle manière sont-ils venus jusqu’à nous ?, que ressentent-t-ils après leur intervention ?…) nous a permis de mieux prendre en compte le contexte dans lequel ils viennent se faire soigner. Il devrait normalement tirer de son séjour avec nous sur le bateau un documentaire dont nous verrons en exclusivité certains rushs lors de la prochaine AG à Nantes. Nous avons aussi utilisé sa parfaite connaissance de l’anglais dans les différentes rencontres locales qu’Hubert a eu pour promouvoir PLYDM.
- En consultation:
- Alexis a eu des difficultés de paramétrage avec la meuleuse au début de la mission, mais ensuite tout s’est bien déroulé avec la réalisation de 120 paires de lunettes montées et la distribution d’environ 280 lunettes loupes (400 paires de lunettes en tout). Il a été aidé efficacement par Ly tout au long de la mission, sa présence apportant un vrai plus. Outre son sourire et sa disponibilité sans faille, sa double culture Français-Khmer nous a permis de mieux saisir certaines subtilités qui nous échappent habituellement et d’être au courant du ressenti des patients cambodgiens vis à vis de nous et de notre action. Ainsi, pour ma part, je ne pensais pas que notre action était si appréciée par les patients.
- Sandra a travaillé sans faiblir (jusqu’à 90 consultations par jour) malgré l’ambiance parfois très bruyante sur la proue. Elle a de plus séduit les patients par son sourire jusqu’à recevoir quelques avances…
- Marie-Jo travaillait pour la première fois au poste de « régulation » de la consultation et du bloc. Son efficacité et sa douceur ont huilé l’enchaînement des blocs et des consultations dans la joie et la bonne humeur.
- Au bloc:
- Grand changement concernant l’équipement: le phaco Oertli est parfait: quasiment pas de phacoA grâce a son efficacité et a sa simplicité d’utilisation. Gros avantage de la re-stérilisation des tubulures. Le nouveau microscope Topcon, aussitôt monté, a aussitôt été adopté: très bon éclairage avec une bonne rétro-illumination; il manque néanmoins la bague et le binoculaire de l’aide qui n’a pas été livré par Topcon et qui devrait être disponible lors de la campagne 2018-2019. De même, sur les 2 autoclaves livrés, un seul fonctionne; Hubert doit voir pour renvoyer l’autoclave déficient qui ne monte pas en température. L’autre fonctionne très bien et présente l’avantage, selon nos deux infirmières Sylvie et Sophie, de l’automatisation des phases de stérilisation par rapport à leur chère cocotte. Leur action, toujours aussi inestimable, a permis à l’équipe anesthésique et chirurgicale (Véronique, Alain, Claude, Hubert et Frank) de travailler « comme à la maison ».
- Voici les interventions que nous avons réalisées:
cataracte par phaco: 73 (dont une seule phacoA)
ptérygion: 21
sondage voies lacrymales: 1
tumeur pommette droite avec lambeau de cutané pédiculé (baso-cellulaire probable): 1
en tout donc: 96 interventions
2) Les améliorations pratiques sur le bateau: pas de problème avec l’électricité contrairement à certaines missions précédentes, installation de ventilateurs plafonniers qui nous aident grandement à supporter la chaleur, cellules photo-électriques sur le toit pour produire une partie de notre électricité. A noter la présence de souris et/ou de rats dans le faux plafond du bloc (et probablement des autres faux plafonds) qui sectionnent les fils électriques des plafonniers. Nous avons pu en réparer quelques-uns Alain et moi.
3) L’équipe cambodgienne: traducteurs toujours aussi gentils et efficaces dans leur travail avec Tharin (le seul garçon) qui a chapeauté les plus jeunes pour qui c’était la première mission médicale (Danith, Tyda et Yon Hon). La cuisine orchestrée par Vana et son aide a été au top comme toujours. Nous avons fait la connaissance de Philippe qui est passé à plusieurs reprises sur le bateau.
4) L’épisode de Ross (connaissance d’Hélène, chef de la mission suivante): Ross est australien et s’occupe d’une association chargée d’aider un village (situé à environ 5 kms du lieu de la mission) encore plus démuni que les patients avec lesquels nous sommes en contact le long du Mékong. Ils ne possèdent rien (pas de terre, pas de maison) et squattent un ancien marécage remblayé récemment par le gouvernement (une sorte de bidonville). Ici vivent dans des conditions très précaires environ 35 familles. A la demande de Ross, nous sommes allés faire un premier screening ophtalmologique sur place (selon Ross, ils ne peuvent pas payer le déplacement jusqu’au bateau) de façon à pré-sélectionner les patients qui auraient besoin de soins ophtalmologiques. Nous avons pu dépister 5 cataractes avancées, 1 ptérygion et 2 plaies de jambe surinfectées chez deux jeunes. Nous avons organisé et payé leurs déplacements de leur village au bateau, mais seulement 3 habitants du village ont finalement accepté de se faire opérer de la cataracte; les autres ont profité du transport gratuit pour faire autre chose…
Après en avoir discuté ensemble au sein de l’équipe, nous pensons que ce type d’aide qui consiste à aller chercher les patients sur leur lieu de vie n’est pas à renouveler. Il vaut mieux voir des patients motivés pour se déplacer jusqu’à nous que de recourir à cette sorte d’assistanat dans le déplacement et finalement soigner des patients peu voire pas motivés pour se faire soigner (on retrouve là d’ailleurs un trait psychologique habituel dans nos consultations en France). Nous pourrons en reparler ensemble lors de l’AG de juin prochain.
5) Une dernière remarque: la mission nous a semblé peu préparée au départ car les patients n’étaient pas au courant de notre venue: il a fallu à nouveau (comme il y a 2 ans) faire passer à la télé locale, ainsi qu’avec le haut-parleur à l’arrière d’un scooter, un message pour informer la population de notre présence. Résultats: les 2 premiers jours de la mission ont été plutôt calmes alors qu’au contraire le programme de fin de mission a été très chargé! Ce serait tellement plus simple si notre venue était préparée en amont de façon un peu plus sérieuse…
Enfin, le passage de relai effectué le mardi 20 février avec l’équipe de la mission 7 qui nous suit (Hélène Durand) a été agrémenté d’un sympathique repas en commun des deux équipes au bord du Tonlé Sap à Phnom Penh.
En attendant de tous se retrouver lors de l’AG à Nantes le 2 juin prochain!
Frank