COMPTE-RENDU DE MISSION: AMBANJA mai 2023

L’équipe est constituée de Véronique Le Nay, infirmière de bloc / Marie-Adeline Dill, orthoptiste / Frank Mage, Valentin Bachet et Jean-Claude Villon, ophtalmos qui se relaieront au bloc et aux consultations.

Nous partons tous ensemble de Paris par Air-Austral. Escale à La Réunion. Accueil à Nosy Be par Jéromine et Joséa. C’est la fin de la saison des pluies et nous aurons beau temps pendant toute la mission. Nestor, le taxi habituel nous conduit au « JJ et Euphrasie », bel établissement récent, intermédiaire entre un hôtel et un bnb. Pas sur la mer mais avec piscine.
Passage sur la grande île le dimanche où nous retrouvons Honorette qui arrive de Tana par la route avec la voiture conduite par le directeur, le Père Elisée.
Installation dans la maison d’accueil de la Clinique, trop petite pour tous nous loger. Marie-Adeline et Valentin auront une chambre à l’Hôtel Méridien, à 300 mètres de la Clinique où on peut se rendre facilement à pied. Inconvénient minuscule compensé par la climatisation !

Pendant la mission, la cuisine, excellente, sera assurée par Norline. Une coréenne d’origine, Eun Soon, venant de Lucerne en Suisse, nous rejoindra en cours de mission. Sympathique et travaillant dans une grande clinique d’ophtalmologie (salle d’IVT), elle sera formée aux diverses interventions par Véronique, pièce maîtresse indispensable pour l’organisation du bloc. Eun Soon m’aidera surtout pendant la semaine où je serai seul avec Joséa.

L’après-midi du dimanche permet de préparer la salle d’opération, les boîtes. Ranger tout ce qui a été apporté. Vérifier les microscopes. Le Wild bénéficie d’une ampoule de rechange achetée non sans mal chez Leica, ce qui constitue une petite assurance pour l’avenir. Et nous démarrons tôt et avec enthousiasme le lundi matin.

Honorette nous a tenu au courant tous les jours de l’activité. Au total pendant la semaine avec elle : 192 patients en consultation, 49 interventions. L’Ascension, au milieu de la semaine a freiné quelque peu l’activité.

LE BLOC.

Comme d’habitude, deux microscopes côte à côte pour deux tables, l’une pour Honorette et l’autre pour nous. Anesthésies locales impeccables par Osée, infirmier anesthésiste efficace et souriant. Il est partant pour avoir un complément de connaissances car il est le seul anesthésiste de la Clinique.

Avec ce qui restait à la Clinique et avec ce que l’on a apporté comme matériel et consommables, il n’y a pas eu de manque pendant la mission.

Les interventions : quelques cata-trabéculectomies ou trabéculectomies seules, une grosse tumeur cornéo-conjonctivale qui a vite poussé, adhérente au stroma avec de gros néo vaisseaux profonds, mais essentiellement des cataractes quelquefois traumatiques.
Certains patients viennent de Diégo Suarez, ce qui donne une idée de la notoriété de la Clinique en ophtalmologie. Plusieurs « vazaha » (des blancs) qui auraient pu être opérés par phaco alors que la grande majorité des cataractes sont des cataractes totales.
Toutes les cataractes ont été opérées en extracapsulaire par voie sclérale, opération improprement dénommés SCIS (Small Incision Cataract Surgery) car en fait l’ouverture est grande !
Aucune complication marquante : 2 ou 3 issues de vitré ou hyphémas sans conséquence. Aucune infection ou chute du noyau, et des cornées peu œdémateuses le lendemain. Il n’y a pas à s’occuper des fils et au total, au bout de 3 mois, l’astigmatisme inverse n’est pas très important.

La Phaco.
Le « Stellaris » sur place, apporté par des italiens, pourrait être utilisé, et c’est dommage qu’il ne le soit pas pour les cataractes moyennes. Seul problème : fonctionne t-il bien? Valentin l’a allumé et une forte odeur de fumée a envahi la salle, obligeant à le débrancher rapidement. Le compresseur serait-il défaillant ? Faut-il le relier à l’extérieur ? Aucun de nous n’était assez compétent pour apporter un jugement.
Il faudrait vraiment que quelqu’un qui connaisse la machine donne son avis lors d’une prochaine mission. Il faut l’essayer calmement, dire s’il y a assez de matériel pour l’utiliser… Un bon biomédical, lors d’une prochaine mission, serait d’ailleurs le bienvenu pour faire le tri de tous les appareils aussi bien au bloc qu’en consultation. Certains sont en santé précaire, d’autres seraient peut-être tout simplement bons à jeter
Il est certain que l’extracapsulaire par voie sclérale est une bonne technique, adaptée pour la plupart des cataractes vues à Ambanja, donnant de bons résultats et à coût minimum. Mais il est aussi certain que rien n’interdit de penser que la phaco sera utilisée beaucoup plus souvent dans les années à venir par les missionnaires et par Joséa, Honorette restant vraisemblablement fidèle à la technique sclérale qu’elle maîtrise totalement.
La limite à la phacoémulsification : le coût ! la population est très pauvre et la Clinique n’est guère plus riche. Après quelques années de vaches maigres, la barre semble cependant se redresser et l’on peut rester optimiste. La réputation est bonne et chacun retrousse les manches, mais le contentieux judiciaire n’est pas encore réglé.

Joséa.

Tout le monde apprécie Joséa, toujours attentive et sérieuse. Elle tient l’ophtalmologie à Ambanja en dehors des missions d’Honorette.
Elle a passé des examens pour lui permettre d’avoir un diplôme de chirurgie oculaire qu’elle attend ! Rien ne va vite à Madagascar !
Après avoir raccompagné l’équipe sur Nosy Be (Marie-Adeline a pris immédiatement l’avion et les autres se sont reposés deux nuits à l’Hôtel « L’Heure Bleue »), je suis retourné à Ambanja pour aider, conseiller et rassurer Joséa pour ses premières opérations en solo.
10 interventions au total (cataractes/ptérygions avec greffe conjonctivale) qui se sont parfaitement déroulées. Bravo à elle. Elle est l’avenir et aura encore besoin de nous tous, Honorette et missionnaires, pour s’affirmer et se libérer. La transmission du savoir est l’essence même de l’action humanitaire.

LES CONSULTATIONS

192 consultations la semaine avec Honorette, sans compter les pré et post op. Plus ceux ayant consulté la semaine suivante
Marie-Adeline a été aux taquets pour les réfractions en tous genres et les oph se sont relayés à la LAF. Le matériel paraît suffisant et en bon état. Il faudrait un projecteur de tests.
Deux jeunes malgaches, l’infirmier Doris et Frankline une jeune infirmière en formation ont été toujours présents, attentifs et prévenants.
Patrick a délivré de nombreuses paires de lunettes. Il manipule la meuleuse hors d’âge de main de maître.

Le YAG : Joséa qui savait faire les capsulotomies a appris les iridotomies avec Valentin. Le Yag fonctionne donc, même s’il manque de puissance.
Le SLT : Le tube SLT qui ne marchait plus vient d’être révisé par Quantel à un prix « humanitaire ». Notre président le confiera à une prochaine mission pour le remonter et expliquer de nouveau le fonctionnement à Joséa. Ce ne sera pas miraculeux mais un atout dans la prise en charge des glaucomateux qui n’ont pas les moyens de se payer un traitement médical. Le Père Elisée va installer une clim dans le local (préconisation de Quantel). Il serait dommage que le module SLT ne fonctionne pas plus longtemps que la première fois.

AU TOTAL.

Quel plaisir de retrouver la Clinique St Damien ! Confiance et sourire des patients malgré la pauvreté ; gentillesse du personnel au bloc et en consultation; accueil fantastique de Jéromine ; efforts d’Elisée pour pérenniser la Clinique ; professionnalisme et bienveillance d’Honorette ; le futur qui se dégage avec Joséa ; et j’en passe…
Avec une équipe PLYM formidable de bonne humeur, de solidarité, d’efficacité et de compétences multiples. Merci à toutes et tous.